En cours

jeudi 7 septembre 2017 § Commentaires fermés sur En cours § permalink

Je poursuis sur ce blog l’écriture d’un texte poétique sur l’anatomie des sens, de poèmes phonétiques destinés à la performance, de poésies numériques et transmédias, d’une série de textes sur les néotopies et de quatrains inspirés de la poésie chinoise Tang et rédigés au fil du quotidien. Pour mes performances et textes (hors livres) non inclus dans ce blog, voir ma page sur remue.net et d’autres revues. Voir les catégories du menu de gauche pour les travaux plus anciens.

160. Onagres

samedi 10 juillet 2021 § Commentaires fermés sur 160. Onagres § permalink

onagres ouvertes 
nul jaune plus vif
de quelle palette
chaque jour cent fleurs

Quarantaine

mercredi 7 juillet 2021 § Commentaires fermés sur Quarantaine § permalink

couverture La Quarantaine

La quarantaine, c’était pour moi un livre de J.M.G. Le Clezio, la lenteur et l’intensité de la rencontre de son personnage Léon (inspiré de son grand-père maternel) avec Suryavati la jeune indienne, la vision de sa silhouette vêtue marchant dans la mer, les histoires qu’elle lui conte, les rites qu’elle lui fait accomplir, le devenir indigène des terres métisses où leur amour l’entraîne m’accompagneront à jamais. C’est aussi en tant que grand-père maternel de mes petits enfants que je suis en quarantaine, mais alors que Léon, son frère et la femme de celui-ci étaient simplement débarqués sur une île dans l’incertitude du retour d’un navire qui mettrait fin à leur quarantaine, tout est prédéterminé pour celle d’aujourd’hui, et j’ai dû donner et renouveler mon consentement à ce qui va la rythmer. Je crois qu’il est utile de le documenter pour faire le tri entre les contraintes justifiées et la mise en place de surveillances et de contrôles panoptiques qui utilisent le numérique en détruisant son potentiel de capacitation et de création au profit de pouvoirs inquiétants.

Jour zéro

Le jour zéro dans la novlangue pandémique de Grande-Bretagne, c’est celui où l’on met le pied sur cette île en provenance d’un pays « amber », le relent de bijoux précieux de cette appellation évitant la banalité des feux oranges. Tout a dû être préparé et contrôlé sur le territoire français, transformé pour l’occasion en hot-spot extérieur comme ceux que l’Europe déploie dans les pays limitrophes et plus loin. Ma compagne et moi avons effectué un test PCR moins de trois jours avant notre départ, dûment certifié et QR-codisé, nous avons réservé et payé trois tests à effectuer aux jours 2 (ou avant), 5 et 8 (ou après), rempli moins de 48h avant notre départ une locator form tout aussi QR-codisée reprenant toutes les informations sur notre séjour, notamment sa localisation pour les dix premiers jours et le n° de téléphone qui sera la laisse des contrôles dont nous sommes prévenus. Le test du jour 5 – dit Test for release – est supposé, si aussi négatif que les précédents permettre notre libération anticipée autant que conditionnelle car ne dispensant pas d’effectuer le test du jour 8 (ou plus tard)

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Berceuse

jeudi 27 mai 2021 § Commentaires fermés sur Berceuse § permalink

C. (22 mois) dort avec sa sœur
qu’elle appelle
Chuchi pour Lucie

Comme beaucoup d’enfants
elle se berce pour s’endormir

Pour cette occasion
de chambre commune
cela donne

« Dodo Chuchi, dodo me, dodo Chuchi, dodo me… »

158. Noms d’oiseaux

samedi 1 mai 2021 § Commentaires fermés sur 158. Noms d’oiseaux § permalink

corbeaux pies piverts
mésanges et merles
milans et leurs rois
bouvreuil et rubiette

157. Conversation nocturne

samedi 1 mai 2021 § Commentaires fermés sur 157. Conversation nocturne § permalink

hier tard dans l'ombre
les biches et la chouette
les unes rayant
l'autre ululant

155-156. A-venir

vendredi 30 avril 2021 § Commentaires fermés sur 155-156. A-venir § permalink

surmenés de rien
à faire défaire
desseins cométaires
en report sans fin

mais précieux espaces
d'imprévues réunions
qui pourtant écrites
esquissent nos pas

154. Potager

jeudi 29 avril 2021 § Commentaires fermés sur 154. Potager § permalink

êtres potagers
tous ces verts présages
à quels devenirs
seront-ils propices

Un autre récit du monde

jeudi 15 avril 2021 § Commentaires fermés sur Un autre récit du monde § permalink

Je publie à nouveau une traduction d’un texte poétique de @larosaturca.
VO : Un’altro narrazione del mondo


Un autre récit du monde

Bientôt midi. Levée depuis une heure, la nuit traversée sans souffrance, sans douleur due à la lourdeur des muscles dans les cuisses, peu de sommeil.

G. a téléphoné au médecin généraliste qui lui a prescrit une semaine d’arrêt maladie, il a encore mal au dos. Libération du temps.

Debout, l’articulation de la hanche droite bloquée et douloureuse en mouvement comme au repos, un bref rayon de soleil par la fenêtre illumine les inflorescences violettes sur le rebord, peut-être le ciel de pluie s’est-il éloigné un moment, les sifflets que fait le merle, une tentative d e d é c o n s t r u c t i o n est à l’œuvre en moi.

Du monde quelque chose de vivant nous parvient, traversant la nuit, un autre récit s’est remis à trembler, parle, s’élance de lien en lien . . .

Naturalisme et animisme

samedi 20 mars 2021 § Commentaires fermés sur Naturalisme et animisme § permalink

la conversation se déroule dans la chambre où ils ont rapproché leurs lits.

L. (4 ans) : « A circle has no end. »
A. (6 ans) : « The universe has no end either1. »
L. : « Oui mais mon blutak2 est plus grand que ton bébé panda roux donc c’est lui qui sait »

Mal en point dans la disputation
L. y substitue celle des peluches
au rapport de forces inversé

en Oxfordshire
on n’est pas loin des daemons
de Philip Pullman3
ils habitent les peluches
et prennent quelques libertés

  1. Leur mère est astrophysicienne. []
  2. Bébé manchot dans un dessin animé, ici pingouin en peluche. []
  3. Voir ses trilogies His Dark Materials et The Book of Dust. []

152-153. Signes

mercredi 24 février 2021 § Commentaires fermés sur 152-153. Signes § permalink

des non-humains parfois
laissent une marque
à notre attention
si souvent distraite

quel présent inouï
qu'au détour des pas
celui de l'écorce
fendue de ce hêtre

151. Sirocco

dimanche 21 février 2021 § Commentaires fermés sur 151. Sirocco § permalink

sirocco brûlant
troublant l'air d'ici
de quel erg tes sables,
nos neiges absentes

148-150. Hêtres

vendredi 19 février 2021 § Commentaires fermés sur 148-150. Hêtres § permalink

désordre de feuilles
à peine visibles
les traces d'humains
trop raide chemin

la crête calcaire
vertige d'avens
les pas hésitants
sur l'arête grise

et soudain surgi
un océan de hêtres
bientôt le dédale
perdues nos pensées

Contrarticuler

vendredi 12 février 2021 § Commentaires fermés sur Contrarticuler § permalink

Je suis heureux de partager ici cet écho en français de la puissance d’évocation poétique de Tina Turco
VO : Contro—articolare


Contrarticuler

Donner forme est un effort musculaire
La force du tronc, la force hoquetante et aveugle
de la
volonté
de vivre, qui ne peut : exister

Redonner à la brise l’inflammation douloureuse de cette odeur d’herbe et du parfum doux-amer de fleurs

lui assigner lit
et domicile

la lisser
juste un souffle, l’aimer en secret
la guérir
de
temps.

Les lois de l’ascension – Céline Curiol

jeudi 4 février 2021 § Commentaires fermés sur Les lois de l’ascension – Céline Curiol § permalink

Dans la première partie de son livre Le fil perdu, essais sur la fiction moderne, Jacques Rancière caractérise la transmutation du roman à l’âge moderne comme une révolution démocratique. Elle place à égalité les sujets de fiction en y installant les vies ordinaires, mais aussi les modes de récit en faisant place aux surprises, au hasard, à la contingence. La littérature n’est plus forcément mise en scène dans des styles normés de personnages héroïques reliés par des intrigues magistrales relevant de la nécessité ou de la vraisemblance. Il y a donc des livres qui explorent l’ordinaire dont nous sommes faits, les liens que le tissu social, les coïncidences, les ressources imprévues qui nichent en nous ou le désir tissent pour le pire et le meilleur. Mais Rancière affirme également que cette révolution démocratique est inachevée1, car elle laisse intacte la différence de position entre celui qui écrit et ceux qui sont écrits ou lisent. C’est dans l’inachèvement de cette révolution que se tient la variété des efforts du roman contemporain : les chemins sont multiples pour tenter de dépasser ce qui reste une limite de la démocratie littéraire.

Certains comme Gabriel Franck dans Laques ont choisi l’écriture fragmentaire laissant à charge du lecteur ce qui sépare les fragments, d’autres des écritures polyphoniques ou la multiplicité des voix est elle-même démocratie, d’autres d’éroder la distinction entre auteur et personnage en faisant du premier son propre objet de récit, d’autres encore comme Hélène Bessette dans 20 minutes de silence ou Philippe de Jonckheere dans Une fuite en Égypte de parcourir à chaque instant plusieurs possibles ou comme Paul Auster2 de suivre plusieurs voies dans le dépliement du récit de 4-3-2-1. D’autres enfin, dont Céline Curiol elle-même, ont mêlé les genres en se tenant aux confins des essais et de la poésie.

Dans Les lois de l’ascension, Céline Curiol associe plusieurs de ces chemins d’écriture, tout en innovant sur un point particulier et important. Quelques précisions sur le dispositif du livre : il se déroule sur quatre journées réparties sur les quatre saisons d’une année, et dans chacune, six chapitres se succèdent, dans un ordre fixe, narrant chacun la journée d’un personnage. Si l’on excepte deux sœurs, ces personnages ont tout pour ne pas se rencontrer, si ce n’est des coïncidences, de nom, de lieu, de hasards. Autour d’eux gravitent des personnages secondaires… qui ne le sont pas. On suit donc deux sœurs engagées dans des carrières professionnelles où elles tentent de faire vivre l’exigence du bien commun tout en y recherchant tout de même la reconnaissance d’institutions qui ont d’autres visées, une jeune femme dérivant des études vers un travail prolétarisé et l’hôpital psychiatrique, un immigré à la fin de son parcours professionnel dans une association de soutien qui cultive un jardin secret poétique, un psychanalyste en quête de reconnaissance publique qui au passage néglige sa famille et ceux qui l’entourent et un jeune en pleine radicalisation.
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  1. En particulier dans les chapitres consacrés à la poésie et le théâtre. []
  2. Que Celine Curiol a traduit et à qui elle fait hommage de son livre. []

Intervention au Chandrabhaga Poetry Festival – 9 janvier 2021 – FR/EN

jeudi 28 janvier 2021 § Commentaires fermés sur Intervention au Chandrabhaga Poetry Festival – 9 janvier 2021 – FR/EN § permalink

Au Chandrabhaga Poetry Festival le 9 janvier 2021.

Intervention dans la session « French poetry » animée par Guilhem Fabre et co-organisée par les éditions Phloème. Merci à Savita Singh et Ashwani Kumar pour l’invitation. Vous pouvez visionner l’ensemble de la session ici.

L’animisme des enfants

lundi 14 décembre 2020 § Commentaires fermés sur L’animisme des enfants § permalink

L. (4 ans) dessine un paysage
avec des arbres
à un moment délicieux

tous transpire d’amour
et gribouillé le mot love
envahit tout les blancs

Le soleil va se coucher
et c’est ce qu’il va faire
et c’est pourquoi
il n’y a
qu’un petit bout de soleil

And when it rises in the morning, I always send a letter to somebody … and the sun gives a lovely kiss to the mind of its little sun…


L’écriture d’après, c’est pendant

vendredi 4 décembre 2020 § Commentaires fermés sur L’écriture d’après, c’est pendant § permalink

Comme je ne peux pas vous répéter tout le temps que Sœur(s) est bien et qu’il faut le lire, vu que d’autres l’ont déjà dit et que les lieux et activités où vous pourriez rencontrer le livre et son auteur sont en stand-by, sauf le site de l’éditeur et celui de certains libraires, j’ai décidé, une fois n’est pas coutume, de vous parler de ce qui m’occupe – écriture et lectures – depuis février dernier. Février, ce n’était pas le début de la pandémie mais le début de notre prise de conscience de son impact. C’était aussi le moment où la revue Squeeze a annoncé que son prochain appel à textes porterait sur le thème Après la guerre et que la date limite était fin avril 2020. Je m’y suis mis lentement, la pandémie avait envahi ma vie quotidienne et mes efforts intellectuels. Ce retard fut bénéfique en me conduisant à écrire un texte sur l’après d’une guerre qui serait aussi l’après de la pandémie d’après, pas celle dans laquelle nous sommes encore plongés mais celle qui surviendra si nous ne tirons pas à temps les leçons de la présente. Ce texte, vous pouvez le lire. Je l’ai envoyé à une amie et elle m’a dit : « tu écris un autre roman ! ». En fait, j’avais essayé d’en écrire deux autres qui étaient plus ou moins en hibernation et je n’avais pas du tout l’intention de me lancer dans un troisième deuxième roman. C’est le constat – elle n’a pas dit « tu devrais en faire un roman », mais « tu écris un autre roman ! » ‐ qui a précipité les choses.

Je vois venir la déception de ceux qui redoutent une nième dystopie post-apocalyptique. Il n’y a pas de doute, c’est post-apocalyptique, mais vu qu’il y a trop-plein de dystopies, je n’en fait pas une de plus, tandis que les néotopies pas gnan-gnan, il n’y en a pas tant que ça. Évidemment, je ne vais pas vous raconter, mais pas de raison de vous cacher le continent que j’explore. Depuis des décennies, l’une des sources de ma réflexion et de mes écrits est l’anthropologie. Comme tous les amateurs investis, j’y ai picoré avec éclectisme, mais rétrospectivement on peut quand même y discerner une lignée rassemblant dans le désordre Marcel Mauss, André Leroi-Gourhan, Claude Levi-Strauss, Philippe Descola, Eduardo Viveiros de Castro et Nastassja Martin, avec en contrepoint la phénoménologie de Maurice Merleau-Ponty poursuivie par Gilbert Simondon puis Bernard Stiegler, les approches post-darwiniennes de l’évolution (Stephen Jay Gould et son influence sur Baptiste Morizot) et les approches artistiques et militantes de Claudia Andujar. Si je cite ces noms fameux, ce n’est pas pour me réclamer de leur auctorité, mais parce qu’aujourd’hui, la prise en compte de leurs pensées converge vers deux questions fondamentales pour notre temps :

  • Dans le contexte de la crise écologique au sens large (y compris social, sanitaire et éthique), peut-on construire un pacte du vivant qui combinerait une forme d’animisme à ethos de réciprocité1 et la rationalité du naturalisme qui semble s’y opposer en tous points ?
  • Quelles relations établir avec les objets techniques qui externalisent des processus mentaux humains2 et à travers eux avec ceux qui les conçoivent ?

Nous sommes très nombreux à tenter de répondre à la première question et ce bouillonnement est fertile. En 2005, Philippe Descola se moquait gentiment du néo-chamanisme mais aujourd’hui il s’agit d’autre chose que de singer des rites. Il s’agit de penser des droits, de construire des communs, des systèmes d’échange et des politiques à échelles multiples, dans lesquels les entités variées qui constituent le vivant aient une place, sans oublier pour autant que communs, échanges et politiques sont des concepts humains. Je m’efforce de contribuer à ces efforts, mais mon sentiment est que Baptiste Morizot dans le champ de la philosophie et Nastassja Martin dans celui de la littérature3 ont une bonne longueur d’avance.

La seconde question, celle d’un ethos de la conception et de la relation aux machines, suscite de grands bavardages, mais je pense avoir une sorte de devoir, surtout après la disparition de Bernard Stiegler, de continuer d’y ouvrir, dans le champ de la littérature, puisque c’est celui où j’agis aujourd’hui, de nouveaux chemins du possible. Mon roman en cours, qui n’a pas encore de titre, laboure cette question des relations avec les machines (vous verrez pourquoi j’utilise cette métaphore agricole). Il utilise un dispositif narratif très différent de celui de Sœur(s), mais j’espère qu’il joindra un jour l’agréable à l’utile pour ses lectrices et lecteurs. En attendant, je rame et transpire, mais c’est la vie.

  1. Pour la diversité des éthos qui peuvent être associés aux grandes fondations des identités, voir la partie « Écologie des relations » de Par-delà nature et culture de Philippe Descola. []
  2. Et pour qui donc les humains constituent un milieu associé et réciproquement ils constituent un milieu associé du développement humain. []
  3. Surtout si elle franchit le pas qui mène du récit à la fiction. []

147. Cap de la lune

lundi 30 novembre 2020 § Commentaires fermés sur 147. Cap de la lune § permalink

quelques jours par an
le Cap des Ventails1
enfante la lune
qui sur son flanc roule
  1. Cap des vents : sur les cartes Cap des Bentails. []

146. Pleine

dimanche 29 novembre 2020 § Commentaires fermés sur 146. Pleine § permalink

pleine, émergente
derrière les monts
la lune visite
Jupiter et Mars1
  1. Jupiter à 180° dans le ciel, Mars plus haut à 90°. []

145. Lune

lundi 23 novembre 2020 § Commentaires fermés sur 145. Lune § permalink

paysage soir

lune de huit jours
veille sur le ciel
le soleil dessine
ses traces ultimes